Paoli, Bascoulard entre autres aux Archives ...

Publié par Alain Fourgeot sur 19 Janvier 2020, 18:36pm

C'EST MÉMORIEL ! Il vous reste un mois, pour aller voir/lire l'exposition Accusé, levez-vous ! proposée par les Archives départementales du Cher. Des procès de sorciers du Carroi de Marlou (XVIe siècle), dans le Sancerrois, au meurtre de Bascoulard, en 1978, en passant par l'affaire de l'auberge de Jarioles ou les infanticides d'Ainay-le-Viel, le duel du marquis de Choisel à l'empoisonneuse de Saint-Amand, ce sont treize grandes affaires criminelles que propose cette exposition aux travers de panneaux très documentés, illustrés, en noir et blanc, par des dessins subtils et plein d'humanité, de Manu Cassier. Treize affaires criminelles pour raconter l'histoire judiciaire du département entre 1582 et 1978. De l'Ancien Régime à nos jours.

Trois m'ont particulièrement touché. Le procès, par l'occupant, de plusieurs Résistants vierzonnais, coupables d'avoir distribué des tracts et journaux clandestins. Parmi les condamnés, Pierre Ferdonnet, rescapé d'Auschwitz, militant CGT, toujours disponible pour raconter avec émotion ses « nuits et brouillard ». Mort en 2013, Pierre Ferdonnet fut un témoin infatigable de la barbarie nazie : « Notre devoir est de mettre en garde la jeunesse contre certains raisonnements d’extrême droite. Lui dire que nous ne sommes pas à l’abri de résurgences. Nous devons témoigner ».

Il y a eu des... Ferdonnet et il y a eu des Paoli. À vingt-deux ans, cet Albinien avait choisi son camp, celui de l'occupant. D'abord engagé comme interprète par la Gestapo, Paoli devint un bourreau, un salaud, surnommé « le monstre » par tous ceux, ils sont rares, qui ont survécu à ses interrogatoires. Paoli participa également au massacre des puits de Guerry, dans lequels furent jetés vivants trente-six Résistants. C'est sur ce même Polygone que Paoli fut fusillé après un procès retentissant dont j'ai rencontré, dans une autre vie, plusieurs témoins...

Et l'affaire Bascoulard. Je me souviens très bien de l'annonce de sa mort, un matin, dans la salle de rédaction du Berry républicain dont le siège était encore rue des Arènes. Bascoulard, je l'avais croisé pendant toute ma jeunesse, dans le quartier de Pignoux, au pied de l'église Sainte-Barbe, dans les marais... Aux archives, j'ai relu avec émotion les papiers de ma consœur Michèle Guyot, dépêchée sur les lieux du crime avant de suivre pour le journal le procès du meurtrier; et le subtil portrait qu'avait fait, de ce génial marginal, mon maître Michel Noizat...

(Jusqu’au 23 février, du mardi au vendredi de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h30, le samedi et le dimanche de 14 à 18 heures, salle d’exposition temporaire des Archives départementales du Cher, rue Heurtault-de-Lammerville, à Bourges. Entrée gratuite.)