Charles Caunant , de Bourges à Sète ...

Publié par Alain Fourgeot sur 9 Avril 2020, 17:02pm

C'EST CHANTANT ! Charles Caunant est mort, il y a un mois, à Sète. Il est là, à ma droite, sur cette photo*, prise aux Gobains, chez Françoise et Michel Sohier, alors que je l'interviewais pour la gazette. Nous avions discuté des heures autour d'une bouteille de menetou, de la vie, de la Macu, de Gabriel Monnet, de chanson, de poésie ... Charles était un monument, on l'écoutait comme on lit un livre... Ressortir cette photo de mes archives m'a expédié dans un temps que les moins de ... quarante ans ! ne peuvent pas connaître... et l'eau n'était pas loin des cils, comme aurait dit Juliette Gréco.

Charles Caunant était arrivé à la Maison de la Culture de Bourges en avril 1965, à la demande de Gabriel Monnet, le premier directeur de la Macu, pour intégrer la Comédie de Bourges et y jouer le rôle de Francisco dans la Tempête de Shakespeare. Plus tard, il créa les Jeudis de la chanson, une sorte de scène ouverte avant l'heure qui permettaient à des chanteurs de la région de tenter leur chance. Quelques uns feront leur bonhomme de chemin, René Marie, Jean-Claude Monnet, Michel Sohier, Reynald Halay...

Puis les évènements de mai 1968 passèrent par là. Gaby (Monnet) fut viré de la Macu pour avoir été trop... complaisant, aux yeux du ministère de la Culture, avec les manifestants et les étudiants qui tinrent notamment assemblée générale dans le Grand Théâtre...

Monnet partit sous le soleil niçois, avec, dans ses bagages, Charles Caunant et d'autres artistes. Mais Charles laissa un bout de son cœur en Berry, où il aimait revenir, notamment travailler avec Michel Sohier, pour lequel il écrivit de nombreux textes.

Quatre ans plus tard, Charles Caunant quitta Nice pour Belfort et l'année suivante il retourna dans son pays, à Limoges. Il y ouvrit un café-théâtre baptisé L'Échappée belle où je me souviens avoir chanté et gratté ma guitare, lors d'une mémorable soirée, en compagnie de Michel Sohier et de Michel Pobeau...

L'aventure de l'Échappée belle aura duré quelques années. À sa fermeture, pour manque de fric, les poètes ne savent pas toujours compter, Charles descendit à Montpellier, créa un autre café-théâtre tout en continuant d'écrire et de chanter. Avant de se retirer, à Sète, où il a donc écrit son dernier poème...

Salut Charles ! Ce soir, je vais écouter Michel Sohier chanter Caunant ...

* photo de Françoise Sohier.