C'EST RÉCURRENT ! Que faire de la place Cujas ? Voilà plus de soixante-dix ans qu'on en cause. Dans les années 1930 on a commencé à abattre les bâtiments existants et les premières voitures y ont pris leurs aises. Dans les années 1970, on a rasé l'École des Beaux-Arts au prétexte qu'il fallait libérer encore plus d'espace pour la bagnole et ce fut une belle connerie. On y a fait des aménagements imbéciles au prétexte qu'il fallait que la voiture puisse pénétrer au cœur de la ville pour sauver le commerce*. On a eu droit à des projets aussi fous qu'utopiques, à des promesses électorales intenables. Une liaison entre le bas et le haut, un tunnel passant sous l'ancien lycée Alain-Fournier, pour rejoindre un hypothétique parking sous-terrain de six cents places ? Toutes ses vaseuses promesses se sont cassées les dents sur des vestiges ! Creuser en centre-ville, ben voyons ... Il aurait fallu vingt ou trente ans et à coup sûr creuser un autre ... trou, abyssal, dans les finances municipales ! Et donc, la place Cujas est devenue et est toujours cette horrible verrue que ne nous envient pas les touristes. Faut-il ajouter que depuis l'incendie de l'immeuble des Forestines, la verrue s'est doublée d'un furoncle ?
Et voilà qu'aujourd'hui, un possible aménagement de la place Cujas revient sur le bitume... Le PM-etc et son équipe y réfléchissent, si, si, il l'a dit à la gazette. « On a repensé la place Gordaine, on va s'attaquer à l'ilôt Victor-Hugo*, il faudrait sans doute faire quelque chose du côté de Cujas, troisième place forte de la ville. Une réflexion est en cours » a-t-il déclaré. Notez le "il faudrait"... Mais attention « ni suppression du parking de deux cent cinquante places, ni embellissement de la place à l'ordre du jour. Ce ne sera pas la révolution tant redoutée ou tant espérée depuis des années par les commerçants » écrit le journaliste. « Il est urgent d'attendre notamment que le dossier Maison des Forestines*** se décante » précise l'élu qui annonce une enquête fin 2017 début 2018. C'est demain.
Le PM-etc avoue tout de même son agacement « de voir des voitures attendre de pénétrer dans le parking en bloquant la circulation rues du Commerce et Édouard-Branly. Nous nous posons la question de savoir s'il ne faudrait pas condamner des places de stationnement le long de la rue Édouard-Branly pour créer une voie de stockage. Nous nous demandons aussi si les deux barrières sont si utiles que cela et si, en en conservant une seule, ce qui permettrait de redistribuer les places, on n'améliorerait pas la situation. » Et la place Cujas sans voiture, c'est pour quand ? « Cela viendra sans doute un jour, mais j'ai l'impression qu'à l'heure actuelle les commerçants n'y seraient pas très favorables » ajoute-t-il. Comme une impression ...
Voilà bien le problème. Les commerçants seraient majoritairement contre l'aménagement de la place en vaste agora... Persuadés que le sans voiture signifie perte de chaland et que la suppression du parking signerait l'arrêt de mort du centre-ville. Qui est déjà dans un coma avancé... Faut-il leur conseiller de voyager, d'aller voir ailleurs, pour trouver des exemples qui vont les contredire ? Histoire de les convaincre que, pour les sauver justement, il serait urgent de remettre non pas l'église au milieu du village mais la place Cujas au milieu du cœur de la ville ...
PS. On s'agite également sur les réseaux, à propos de la place Cujas, notamment grâce au collectif Pour la sauvegarde du centre-ville qui a lancé une consultation... Débat ouvert ici aussi, si vous le souhaitez, avec vos commentaires, ci-dessous ...
* Dans le même temps on a construit, en périphérie, des dizaines de zones pour pousse-caddies et des quatre-voies, histoire de participer au grand concours national de la France moche... Parallèlement on a déménagé tous les emplois tertiaires qui faisaient battre le cœur de Bourges,avant, pendant et après la pause déjeuner. Et ce n'est pas fini, puisqu'on annonce le déménagement d'une partie du personnel de la mairie aux Gibjoncs... On a aussi décidé de foutre les cinémas le plus loin possible, alors que les cinéphiles faisaient battre ce même cœur le soir...
** Qui a d'ailleurs été baptisé Espace Victor-Hugo sous le mandat de l'ex...
*** Il faudra probablement attendre encore plusieurs années avant la reconstruction de cet immeuble détruit par un incendie en avril 2015.