La ministre, un ruban, une plaque, des discours ...

Publié par Alain Fourgeot sur 11 Septembre 2021, 07:31am

C'EST INAUGURÉ ! Un agat d'iau tropical d'une rare intensité a précédé, vendredi en fin d'après-midi, l'arrivée de la ministre de la Culture, place Séraucourt, provoquant une ... éclaircie parmi les dizaines de manifestants, antis pass sanitaire et cégétistes, retenus à distance ...

Accueillie par le maire Yann Galut et bien évidemment très entourée par les élus, actuels et ex, Roselyne Bachelot-Narquin, dans un ensemble pantalon noir et tout sourire, a d'abord coupé le ruban tricolore avant de dévoiler la plaque inaugurale (la photo du haut) et de visiter la nouvelle Maison de la Culture, guidée par son directeur Olivier Atlan*. Moins d'une heure plus tard, devant une salle Gabriel-Monnet bondée des invités assis selon le code couleur des bracelets, bleu, rouge et ivoire... les discours. À travers les mots, la réalité audible !

- Ému ! Honneur à Olivier Atlan, qui restera « pour toujours le premier directeur, de cette nouvelle maison ». Très chaleureusement applaudi, il s'est qualifié de « taulier, celui qui accueille, qui est toujours là, qui conseille, celui qui écoute plus qu'il ne parle ». Avant de convoquer les poètes, pour résumer ces dix années de hors-les-murs, « dix années de joie, d'émotions et de combats ». Henri Salvador puis son totémique René Char : « Mettre en route l'intelligence sans le secours des cartes d'état-major. » Tout un programme pour cette Maison.

- Bienveillant ! Yann Galut, le maire de Bourges, a rappelé le « long chemin et les débats légitimes » qui ont agité la ville avant cette journée inaugurale. « Comment Bourges aurait-elle pu envisager d'être Capitale européenne de la Culture 2028 sans cette Maison ? » a-t-il lancé. Avant de rappeler que c'est ici, à Bourges, que fut lancé le projet de décentralisation culturelle et de refaire l'histoire de la Maison de la Culture, trois fois inaugurée, notamment par André Malraux et le général De Gaulle. « Apporter la délectation culturelle, ce sentiment de grandir (...), faire exister le vivre ensemble sont les missions de cette maison » a-t-il rappelé. Souhaitant que chaque enfant de Bourges « puisse faire le même voyage que celui que je faisais, enfant, avec mes parents, dans l'ancienne Maison de la Culture ».

- Politique ! Irène Félix, opposée depuis toujours au projet de cette nouvelle Maison, est aujourd'hui la patronne de Bourges Plus et, ironie de l'histoire, son nom est gravé dans le bronze de la plaque inaugurale. Elle a prononcé un discours très politique, sous forme de « carnet de commandes » comme le qualifiera plus tard la ministre, avec l'évocation du dossier de l'École nationale d'art et la réhabilitation de la friche de l'ancienne Macu où Irène Félix souhaite installer l'hôtel communautaire et investir plus de vingt-cinq millions d'euros avec l'aide des collectivités locales et de l'État ! « Longue vie à la culture à Bourges, longue vie aux femmes et aux hommes qui s'interrogent, a-t-elle souhaité, longue vie, à travers l'agglomération, à tous les lieux où ils se rassembleront. »

- Sobre ! Jacques Fleury, le président du Conseil départemental, épargnant l'assemblée de la longue litanie des remerciements protocolaires par une jolie formule de politesse, a parlé « d'une victoire collective de celles et ceux qui ont cru en ce beau projet dès les premières esquisses », saluant la « réussite architecturale » de cette maison, « épicentre d'un tremblement culturel qui doit permettre une offre culturelle festive, sociale, conviviale, familiale, chaleureuse ». Ajoutant : « Grâce a une programmation riche et diverse tout est autorisé dans cet écrin (...) pour une culture qui doit être accessible à tous les habitants du Cher. »

- Lyrique ! François Bonneau, le président de la Région, a dit son « émotion et son émerveillement » devant « cette création, pour son souffle, pour sa performance architecturale ». « C'est une réalisation qui, à l'échelle de la Région et au niveau national, pose un acte fondamental et remarquable par son emprise et son dialogue immédiat avec l'ensemble des structures, avec l'histoire architecturale de cette ville » a ajouté François Bonneau. « Il fallait cette grande ambition parce que nous sommes à Bourges et que Bourges a son existence très marquée par l'architecture (...) et par l'ambition des hommes qui, à travers l'architecture, liée à une croyance, liée à un vivre ensemble, ont posé le beau visage de notre pays et le beau visage de notre région.» Ajoutant : « Nous avons la conviction que la Culture est ce chemin qui nous permet de reconstruire le vivre ensemble. »

- Gaullienne ! Roselyne Bachelot-Narquin, « très heureuse d'être là », a rappelé qu'elle avait appris à lire et à écrire à l'école Sainte-Solange d'Aubigny-sur-Nère et est revenue sur la bise reçue par le général De Gaulle en 1947, sur le lieu où fut construite l'ancienne MCB, alors qu'elle était dans les bras de son père, un des créateurs du parti gaulliste, le RPF ( Rassemblement du Peuple Français). « C'est bien l'inauguration de ce nouveau bâtiment qui nous réunit ici, mais la Maison de la Culture , elle, elle existe depuis 1964, elle a cinquante-sept ans, c'est jeune » a-t-elle précisé. « Ces Maisons de la Culture ont été pensées par André Malraux, le premier ministre de la Culture, comme un lieu de rencontre idéal entre une œuvre et un public (...) un lieu propice à la compréhension de la culture, à la révélation de ce qu'est un poète, à la confrontation à l'art ». Puisse cette nouvelle Maison de la Culture, à la fois « phare et vigie, toujours en alerte, curieuse », permettre aux habitants de Bourges et alentours d'être touchés par ce qu'André Malraux appelait « la tentation de la Culture »...

* Lequel a offert à la ministre le carnet de bord, Dessine-moi une maison, de Dominique Delajot et Cathy Beauvallet.